La méthode SVA pour analyser la crédibilité d'une déclaration

L'abus sexuel se déroule habituellement dans la clandestinité. Il n’y a donc pratiquement jamais de témoins. Le plus souvent, les seuls éléments de preuve se résument à la déclaration de l'enfant lui-même. Il convient donc d'évaluer la validité de cette déclaration pour ensuite déterminer quelles sont les mesures d'aide et de protection à mettre en place.
La plupart du temps, c'est le flair clinique de l'examinateur qui sert à déterminer si l'enfant raconte la vérité, si on est en présence d'une affabulation ou encore du produit involontaire de la suggestion (par les pairs et/ou les adultes de l'entourage). Mais cette évaluation subjective, on s’en doute, ne suffit pas…

Une méthode objective, semi-standardisée

Différents outils plus « objectifs » ont donc été développés pour améliorer l’évaluation du témoignage de l'enfant. Parmi ces outils, figure la méthode SVA (Statement Validity Analysis) ou AVD d’Analyse de la Validité d'une Déclaration. Il s'agit d'une procédure systématique semi-standardisée développée au cours des dernières décennies par plusieurs équipes de chercheurs européens (Undeutsch), américains et canadiens (Yuille, Steller, Raskin, Van Gijseghem). Ces chercheurs ont prouvé que l'utilisation rigoureuse de l'AVD permet de discriminer, avec un taux de succès significatif, les déclarations des enfants basées sur des faits vécus de celles qui sont basées sur l'affabulation, le mensonge ou la suggestion.


Détecteur de vérité

La méthode AVD repose sur une hypothèse formulée par le psychologue allemand Udo Undeutsch : « un récit basé sur des faits réellement vécus a des qualités ou des caractéristiques différentes de celles d'un récit raconté par quelqu'un qui n'a pas vécu l'événement ». En ce sens, l’AVD n'est pas un détecteur de mensonges. C’est plutôt un détecteur de vérité : il permet de conclure que « ce que l'enfant a dit est probablement vrai » mais il ne permet pas d’affirmer que « ce qu'il a raconté est probablement faux ».

Concrètement, l'AVD se déroule en trois phases :
  1. Entrevue non-suggestive avec l'enfant
    Pour éviter de biaiser l’entretien, il est indispensable que l'examinateur ne possède aucune information préalable avant sa rencontre avec l'enfant. Cet entretien vise à encourager l’enfant à relater son vécu avec ses propres mots et le plus de spontanéité possible, de manière à pouvoir distinguer ce vécu d’une leçon « apprise par cœur ». Concrètement, on pose à l’enfant un minimum de questions et on évite au maximum la suggestion.
  2. Analyse de contenu
    Tous les entretiens sont filmés en vidéo . De cette manière, on peut retranscrire intégralement et fidèlement le récit libre de l’enfant. Cela permet ensuite de réaliser une analyse de contenu approfondie du témoignage recueilli, au moyen d’une grille d’analyse. Cette grille comporte 19 critères qui se retrouvent statistiquement davantage dans les récits personnellement vécus par rapport aux récits non vécus.
  3. Vérification
    La vérification s’effectue au moyen d’une seconde grille comportant 18 critères. C'est au cours de cette étape que l'examinateur procède, par exemple, à l'analyse du contexte du dévoilement. Un entretien avec la ou les personnes qui ont recueilli le premier dévoilement de l'enfant sera réalisé.